Les conditions de la femme au temps de Jésus rejoignent celles que l'on rencontre aujourd'hui dans les pays du proche et du Moyen-Orient, en Afghanistan et au Pakistan. Cependant cette situation est différente à la campagne ou à la ville, dans un milieu social aisé et très religieux respectant des coutumes très strictes ou dans un milieu social plus simple (marchands et paysans).
Chez les notables de Jérusalem
La femme Juive issue d'une famille de notable de Jérusalem
qui sort de chez elle doit se couvrir la tête de deux voiles, d'un
bandeau sur le front, de filets et de cordons de telle façon qu'on
ne puisse pas reconnaître son visage. S'il n'en était pas
ainsi, elle était soupçonnée de moeurs légères
et son mari pouvait la renvoyer définitivement de chez elle, sans
obligation de lui donner quoi que ce soit pour vivre et sans respecter
les clauses du contrat de mariage. Certaines femmes très strictes
ne se découvraient pas le visage même à la maison.
Ce n'est que le jour de son mariage qu'elle pouvait se montrer tête
nue, à condition qu'elle soit vierge et non veuve. Les femmes avaient
donc l'obligation de se couvrir tout le corps afin de passer inaperçues.
D'autres règles interdisaient aux hommes de
se trouver seul avec une femme dans la rue, de la saluer ou de la regarder.
Voici ce que dit Philon : "Il convient aux femmes de rester à la
maison et de vivre retirées. Les jeunes filles doivent se tenir
dans les appartements reculés, se fixant comme limite la porte de
communication avec les appartements des hommes, et les femmes mariées,
comme limite, la porte de la cour".
A la campagne
En milieu populaire, en raison de leurs activités
domestiques, les femmes ne peuvent suivre de telles règles. Les
travaux dans les champs, les soins à apporter aux animaux domestiques,
la vente des fruits et des légumes sur les marchés, la préparation
des repas et les soins à apporter aux enfants, libéraient
un peu la femme de ces règles si contraignantes. Cependant une femme
ne devait pas être seule dans les champs, et d'une manière
générale les hommes n'entretenaient pas de conversation avec
une femme qui n'était pas de leur famille.
La femme au sein de la famille
Cependant, au sein de la famille, à la ville
comme à la campagne, des préceptes strictes étaient
imposés aux femmes, aux jeunes filles et aux fillettes avec plus
ou moins de rigueur selon leur âge. On distinguait la petite fille
mineure n'ayant pas atteint l'âge de 12 ans, de la jeune fille plus
âgée qui était considérée comme majeure.
Leurs droits et devoirs étaient différents, mais elles étaient
astreintes à servir prioritaire ment leur père et leurs frères
afin de leur procurer le bien être qu'ils réclamaient. Elles
devaient en outre préparer les repas, effectuer tous les travaux
domestiques, coudre, tisser, donner à boire et à manger et
accompagner les parents dans leurs vieux jours. Elles n'avaient cependant
pas les mêmes droits que les garçons en matière de
succession. Le père avait tout pouvoir sur elles, celui de les marier,
de les répudier ou de les chasser.
Fiançailles et mariage
Une fillette, jusqu'à l'âge de 12 ans,
n'a pas le droit de refuser le mariage décidé par son père.
Il peut la marier à quelqu'un d'infirme ou de très âgé
si bon lui semble, ou même la vendre comme esclave. Seule la fille
majeure, ayant donc plus de 12 ans, ne peut être mariée sans
son approbation. La dote que le fiancé doit payer est donnée
au père de la jeune fille. Cette main-mise du père sur ses
enfants pouvait être donc une source de profit.
Le mariage est donc, pour la femme, le passage du
pouvoir du père à celui du mari. Il est généralement
précoce et souvent concerne la parenté proche, que ce soit
chez les notables ou chez les gens modestes. C'est ainsi que les mariages
au sein de la caste sacerdotale se font entre gens du même milieu,
voire de la même famille. Le mariage a généralement
lieu un an après les fiançailles. La jeune femme vient habiter
dans la famille de l'époux. Sa jeunesse rend parfois ce passage
très pénible. Par le contrat de mariage, la fillette ou la
jeune femme, amène des biens personnels dont elle garde la jouissance.
Dans ce contrat est fixé la somme qu'elle recevra en cas de divorce
ou à la mort de son mari.
Dans la vie conjugale
Une fois mariée, la femme a le droit d'être
entretenue par son mari, quitte à s'adresser au tribunal pour le
faire respecter. Le mari a des devoirs envers sa femme : outre le devoir
conjugal, il doit la nourrir convenablement; la vêtir, la loger et,
le cas échéant, lui procurer les médicaments dont
elle aura besoin en cas de maladie. A sa mort, il doit louer les services
d'au moins deux joueurs de flûte et d'une pleureuse, et de faire
un discours funèbre.
En contre partie son épouse, comme chez ses
parents, doit palier aux nécessités du ménage : faire
la cuisine, moudre le grain, laver les vêtements, allaiter les enfants,
faire le lit de son mari, lui laver le visage, les pieds et les mains,
tisser et travailler la laine. Comme chez ses parents, elle n'est encore
qu'une servante.
La femme doit obéir à son mari, lui
remettre l'argent qu'elle aurait gagné en vendant les produits de
la ferme. Les enfants doivent d'abord obéir à leur père
avant d'obéir à leur mère.
La polygamie est permise et l'épouse doit tolérer
les concubines au sein de la maison. Cependant l'épouse peut retourner
dans sa famille à cause de maltraitances et d'injures. En cas de
divorce, les enfants restent avec le père et pour l'épouse
c'est une terrible sanction.
Cependant la famille de la l'épouse peut s'adresser
à ses parents et à ses frères pour exercer une certaine
pression sur sa belle famille afin que sa dignité soit respectée.
D'où la coutume de se marier avec des gens de la même famille
(oncle, tente, cousins et cousines).
La naissance d'un garçon est plus importante
que celle d'une fille. L'impossibilité d'avoir des enfants était
un grand malheur, souvent considéré comme une punition divine.
L'épouse ayant mis au monde un enfant mâle était mieux
considérée, car elle donne au mari le cadeau le plus précieux.
Si le mari meurt sans avoir de descendance mâle, la femme se remariera
avec un des frères du défunt.
Aux yeux de la Tora la femme
n'est pas l'égal de l'homme
La Tora, ensemble de règles religieuses qui
définissent la vie en société, considère la
femme comme inférieure à l'homme. Elle est soumise à
de très nombreuses interdictions, allant jusqu'à la peine
de mort par lapidation (infidélité conjugale). Elle ne peut
avoir accès qu'au "parvis des gentils" et aux lieux réservés
aux femmes, pendant les 40 jours qui suivent la naissance d'un garçon
et pendant 80 jours qui suivent la naissance d'une fille. Elle ne peut
participer d'une manière quelconque au service liturgique, elle
n'est là que comme spectatrice. L'enseignement de la religion est
interdit aux femmes. Lors des repas, elle ne peut prononcer de bénédiction
comme c'était la coutume. D'une manière générale
la femme ne participe pas à la vie publique du moins dans les familles
juives fidèles à la Loi.
Position de Jésus vis
à vis des femmes
Les Evangélistes Matthieu et Luc témoigne
que des femmes suivent Jésus et qu'il s'entretient librement avec
elles, ce qui pour l'époque est incroyable (Lc 8, 1-3; Mc 15, 41
et Mt 20, 20). Jean Baptiste en avait été le précurseur
en prêchant à des femmes (Mt 21, 32) et en les baptisant.
Jésus, donc, consciemment change la coutume
en vigueur en permettant aux femmes de le suivre et de lui parler. En agissant
ainsi, il veut transformer l'attitude des hommes vis à vis des femmes
: "Quiconque regarde une femme mariée pour la désirer a déjà
commis dans son coeur l'adultère avec elle" (Mt 5, 28). Jésus
rend à la femme sa dignité en exigeant de l'homme humanité
et respect.
Jésus se positionne contre la bigamie et le
divorce (Mc 10, 9), quitte à critiquer la Tora parce qu'elle permet
le divorce à cause de la dureté du coeur humain (Mc 10, 5).
Pour lui le mariage est un lien indissoluble qui unit un homme et une femme,
appelés à devenir "un".