L'étrange choix de Jésus
Jésus est un familier du Jardin des Oliviers.
Il y vient souvent en compagnie de ses apôtres (St Jean 18, 2). Judas
le sait, et c'est là qu'il va lui tendre un piège.
Jésus en est bien conscient, alors pourquoi
ne s'est-il pas enfui ? Pourquoi a-t-il accepté de se laisser capturer
par les soldats du Sanhédrin ? Il aurait fort bien pu quitter Jérusalem,
fuir et ainsi sauver sa vie.
Il a accepté consciemment de se laisser capturer
et de mourir crucifié.
On pourrait dire que c'est une sorte de "suicide",
une solution de désespoir, au même titre que celle de ces
"martyres" ou de ces terroristes qui se font exploser ou qui s'arrosent
d'essence pour brûler ensuite en torche vivante. Qu'est-ce qui a
pu donc motiver Jésus à accepter l'inacceptable ?
En étudiant la Bible, Jésus s'est identifié
petit à petit au serviteur souffrant, dont parle Isaïe. Maintes
fois il a dit qu'il venait accomplir les écritures : "N'allez pas
croire que je sois venu abolir la Loi ou les prophètes. Je ne suis
pas venu abolir, mais accomplir" (Mat 5, 17).
De même il affirme qu'il est le Serviteur de
Yahvé et que s'accomplit en lui l'oracle du prophète Isaïe
"Voici mon Serviteur que j'ai choisi, mon Bien-Aimé qui a toute
ma faveur" (Mat 12, 18).
Il a donc endossé le rôle du "serviteur
souffrant", du bouc émissaire de l'humanité, prenant à
sa charge, par ses souffrances et sa mort librement acceptées, toutes
les misères et toutes les souffrances du genre humain, et par voie
de conséquence nous libérer de toutes nos fautes, de tous
nos péchés et d'être ainsi réconciliés
avec Dieu. "Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour
condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé" (Jean 3,
17).
Jésus s'est donc identifié au Serviteur
souffrant de la Bible, s'y reconnaissant au travers de tous ces écrits,
et devenant de ce fait une victime expiatoire incontournable.
C'est ce qui l'a motivé pour accepter le supplice
effroyable de la barbarie humaine : être cloué vivant sur
une croix. Supplice, rappelons-le réservé aux brigands et
aux terroristes.
L'étrange choix de Dieu
Sommes-nous donc si détestables qu'il faille
que Dieu envoie sur terre son fils bien aimé et qu'il meurt pour
nous sortir de notre misère, un peu comme si nous étions
englués dans la vase de nos défauts et qu'il faille nous
en extirper ?
"Car c'est de Dieu que je suis issu et que je viens.
Je ne suis pas venu de moi-même, c'est Lui qui m'a envoyé"
(Jean, 8-42).
Dieu serait-il alors un dieu sadique qui exige la
mort de son fils ? C'est bien difficile à admettre.
Est-ce une analyse complètement erronée,
défigurant, au cours des siècles, la véritable personnalité
de ce Dieu Eternel ?
Si Dieu est parfait, infiniment aimant, infiniment
juste, notre discours et les actions qu'on lui attribue sont donc complètement
à revoir.
A y regarder de près, ceci est terriblement
culpabilisant. Qu'avons-nous donc commis de si horrible ?
Au coeur de cette interrogation
: la condition humaine et la notion de péché
Nous sommes, physiologiquement et psychologiquement,
des prédateurs, au terme d'une lente évolution de 4 milliards
d'années depuis l'apparition des premières bactéries.
Nos lois physiologiques et psychologiques inscrites au plus profond de
nos organismes sont celles de prédateurs : Etre le plus fort pour
survivre, quitte à envahir, à écraser, à imposer
notre domination par la violence, l'injustice, le meurtre, etc.".
Sommes-nous donc innocents et victimes des lois universelles
de l'évolution ?
La notion de péché est coeur de l'Ancien
Testament et des Evangiles. Le péché se définit par
rapport à Dieu en des actions contraire à notre épanouissement
et à notre rapprochement de Lui. Il désigne une action considérée
comme sans valeur, parce que sans résultat positif. Le terme
le plus souvent usité dans les écritures saintes signifie
"s'égarer", manquer son but.
Une réconciliation ?
Il semble donc qu'il y ait eu un divorce entre Dieu
et la nature au sens large du terme (êtres vivants animaux et végétaux).
La mort de Jésus Christ, librement acceptée,
nous réconcilierait avec Dieu.
Jésus serait-il donc cet artisan divin qui,
par sa mort sur la croix, serait venu réconcilier notre nature humaine
avec la nature divine, qui est amour ?