C'est dans "Les Actes des apôtres" que l'on trouve une abondante documentation sur les premières communautés chrétiennes.
- Les premiers chrétiens
sont des Juifs
Les premiers chrétiens sont des Juifs, donc
de religion juive. Ils vont prier dans les synagogues et participent à
toutes les fêtes juives. Mais, en plus, ils se réunissent
à part, dans la maison de l'un d'entre eux, pour partager le pain
et le vin en souvenir de Jésus, comme il l'a recommandé à
ses disciples.
En un premier temps ils essayent de convaincre leur
entourage que Jésus est le Messie tant attendu. Puis ils commencent
à prêcher la "Bonne Nouvelle" de Jésus au sein des
synagogues. De nombreux Juifs se convertissent car ils trouvent dans le
discours des apôtres, des espoirs que ne leur donne plus leur religion,
enkylosée qu'elle est dans des pratiques religieuses très
formalistes et très hypocrites.
- Eclosion d'une secte judéo-chrétienne
et tradition orale
Eprouvant un malaise grandissant vis à vis
des institutions juives dans lesquelles ils ne se retrouvent plus les premiers
chrétiens s'écartent de leur communauté d'origine.
Ils forment petit à petit une sorte de secte, la secte judéo-chrétienne.
Ils se regroupent entre eux, s'inventent une liturgie propre et se regroupent
autour des apôtres qui deviennent leurs référents.
Ces derniers leur racontent les différents épisodes de la
vie de Jésus, puisqu'ils en ont été les témoins
oculaires. C'est ainsi qu'une tradition orale se met en place, coloportée
de village en village et même au-delà des limites de la Palestine.
Ils se réunissent pour partager le pain et
le vin en souvenir de Jésus. Ils sont très pieux et s'entraident,
vendant leurs biens, si nécessaire, pour soulager les plus nécessiteux,
accomplissant des miracles et, de ce fait, trouvant un accueil très
favorable au sein de la population.
- Diaspora chrétienne
Tout au long du premier et du deuxième siècle
l'extension du christianisme est importante tout autour du bassin méditerranée.
Les centres principaux sont Jérusalem en Palestine; Damas en Syrie;
Antioche, Ephèse, Pergame, Nicée et Tarse en Turquie; Philippe,
Thessalonique et Corinthe en Grèce; Alexandrie en Egypte; Cyrène
en Lybie; Carthage en Tunisie; Rome et Naples en Italie; Lyon, Marseille
et Vienne en France; Tarragone, Tolède et Séville en Espagne.
- Premiers problèmes avec
les autorités en place
En prêchant dans les synagogues ils provoquent
des réactions et des méfiances qui sont transmises aux autorités
religieuses. Leur attitude ne passe pas inaperçue et commence à
créer des tensions, des remarques déplacées, des suspicions,
voire des dénonciations auprès des autorités religieuses
juives et romaines.
Les Romains, occupant leur pays, imposent des actions
contraires à leurs valeurs : participer aux fêtes religieuses
romaines, offrir des sacrifices aux dieux romains, rendre un culte à
l'empereur romain. Ce qu'ils refusent de faire.
Dans un premier temps, les romains qui n'attachaient
que peu d'importance aux manifestations religieuses des Juifs et des chrétiens
changent petit à petit d'avis suite à des actes de violence
entre religieux juifs et chrétiens.
- Premières persécutions
Ayant déjà beaucoup de difficulté
à maîtriser cette population rebelle à leurs lois et
à leurs valeurs, les romains préfèrent mettre un terme
à cette secte naissante. Progressivement ils en arrivent à
mettre en prison les chrétiens et à les martyriser. Les premières
persécutions se passent sous le règne de Néron en
64. Ce dernier, soupçonné d'être l'auteur de l'incendie
de Rome, détourne l'attention des Romains en accusant les chrétiens
d'en être les auteurs. Une répression effroyable est alors
mise en place et de nombreux chrétiens meurent dans des souffrances
atroces.
- Intensification des persécutions
Ces persécutions sont plus ou moins importantes
et régulières selon les régions. Elles dureront jusqu'en
313 avec l'édit de Milan signé par l'empereur Constantin.
Mais pendant plus de 200 ans les chrétiens
seront pourchassés et martyrisés impitoyablement. Les chrétiens
de statut Romain sont décapités, ceux d'origine Juive et
les esclaves sont livrés aux bêtes féroces dans les
jeux de cirque, brûlés ou empalés, comme ce fut le
cas en 177 à Lyon.
L'augmentation des conversions au christianisme dans
tous les milieux des sociétés Romaine et Juive intensifie
la répression jusqu'aux grandes persécutions sous les empereurs
Diocletien et Galère dans les années 260.
- L'Eglise des catacombes
Ces mesures extrêmes forcent les chrétiens
à célébrer leur culte dans le secret et la clandestinité
des cimetières souterrains, ou catacombes. De nombreuses fresques
sont encore visibles de nos jours. Elles représentent les symboles
chrétiens : la brebis, le poisson et la croix.
Mais ce climat de terreur n'empêche pas une
grande grande partie de la population romaine de devenir chrétienne
à la fin du IIIème siècle.
- Triomphe du christianisme
En 313, avec l'édit de Milan, l'empereur Constantin
met fin aux persécutions. Il rend aux chrétiens les biens
séquestrés, et annule toutes les procédures injustes
dont ils étaient les victimes. L'empereur se convertit au christianisme
et favorise la construction de nombreuses église et basiliques à
Rome et à Constantinople.
A la fin du IVème siècle l'empereur
Théodose fait du christianisme la religion officielle de l'empire
Romain.
L'organisation du christianisme est structurée
avec, dans chaque ville, un évêque désigné par
les fidèles et assisté par des prêtres et des diacres.
L'évêque de Rome devient le chef de toutes les communautés
chrétiennes.
Les lois s'inspirent des principes chrétiens
et l'empereur est considéré comme le représentant
de Dieu sur terre.
L'Eglise institution devient alors très riche
et puissante dans un empire romain déclinant. Elle acquiert des
terres très étendues et reçoit des appuis financiers
considérables.
- Dissensions internes
Pendant ces trois premiers siècles, au sein
des communautés chrétiennes, des clans se forment et se heurtent,
et des schismes apparaissent. Les principaux sujets d'achoppement sont
la nature humaine et divine de Jésus, l'ouverture du christianisme
aux non Juifs, l'intégration ou le rejet des pratiques païennes
dans le christianisme.
En 325, le concile de Nicée, à l'initiative
de l'empereur Constantin, définit ce que doivent être les
croyances au sein du christianisme et ce qui doit être rejeté.
- Les Evangiles canoniques et
les Evangiles apocryphes
La disparition progressive des témoins oculaires
de Jésus, morts de vieillesse ou en martyres, et l'extension du
christianisme dans le bassin méditerranéen oblige les communautés
chrétiennes à mettre par écrit les témoignages
des apôtres et des chrétiens de la première heure.
De très nombreux documents sont donc apparus
avec des contenus souvent très différents, voire fantaisistes
pour un même sujet. Il était donc nécessaire de mettre
de l'ordre dans tous ces écrits et c'est ce que fit le concile de
Nicée. Parmi tous ces documents il fut définit quatre Evangiles
de référence qui furent attribués à des disciples
n'ayant pas connu Jésus. Ce sont Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ces
Evangiles sont dits canoniques. Ils ont du être écrits en
Araméen ou en Hébreu, puis traduits en langue grecque. C'est
seulement dans cette dernière langue qu'ils ont été
conservés.
De nombreux autres documents, partiels ou complets,
ont été rejetés et ont été nommés
Apocryphes. Ce sont les "Evangiles" de Judas, de Thomas, Jacques, Pierre,
Judas et de bien d'autres. La dimension agiographique, c'est à dire
l'emploi du "merveilleux", y est importante, ainsi que l'insertion de thèses
théologiques incompatibles.